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Interview exclusive

Les Soviétiques en France !

Thouars 1965
Aux 4 Soviétiques formant la quadrette officielle des championnats du monde, le MC Thouars avait opposé une bonne sélection internationale et quelques uns de nos meilleurs coureurs, champion de France en tête.

Le très difficile, très impressionnant circuits de Pommiers convient mieux aux étrangers, en général beaucoup plus audacieux que la plupart de nos crossmen. La démonstration des champions soviétiques, à ce titre, a été significative. Il fallait les voir avaler les montées longues et raides, se jeter au bas des descentes rapides, creusées, tourmentées pour bien comprendre ce fait invraisemblable : Arbekov et ses camarades tournaient en 5 à 7 secondes de moins au tour que le champion de France Inter-Expert 500cc, Guy Bertrand, qui cependant, ne s’amusait pas !

Ceci nous conduit à formuler 2 constatations : le niveau des crossmen russes s’est réellement élevé aujourd’hui au tout premier plan international ; et les 250cc actuelles, s’appropriant à presque tous les circuits, sont le plus souvent plus rapides que les grosses 500 quatre-temps, à valeur de pilote égale. De cette dernière constatation découle encore cette prédiction : d’ici un ou deux ans, quand les différentes 360 actuellement essayées par les usines se trouveront normalement dans le commerce, ce qu’il est convenu d’appeler la grosse cylindrée, aura vécu !

Et, ici, saluons comme il le convient le champion allemand Otto Walz qui, en présentant avant tout le monde sa Wabeha de réalisation artisanale, a déclenché le grand mouvement technique qui constitue un tournant d’importance pour le motocross.

Maintenant, voyons comment se sont déroulées les 3 manches :

D’abord Dhezinov prit la tête, pour la laisser presque aussitôt à Victor Arbekov. Celui –ci dans cette 1ère manche ne fut plus revu et seuls 5 des concurrents parvinrent à rester dans le même tour. Dezhinov, qui fut avec Pilaev, aujourd’hui retiré, le 1er crossmen soviétique à courir à l’étranger (à Laguépie en 1957), put se cramponner 2 tours à la 2ème place, occupée ensuite et jusqu’à l’arrivée par Draugs. Enfin le dernier soviétique, Yakolev, fit toute la manche à la 4ème place, avec sa Kovrovets de construction soviétique.

Notre champion de France, Clerici, sans pouvoir se mêler aux Soviétiques, s’assura immédiatement la 5ème place, soit la 1ère dernière ces derniers. Et cette place, il la conserva vaillamment jusqu’au bout, en dépit des attaques d’Otto Walz, de Specht, de Fritz Selling malheureusement contraint de s’arrêter 2 tours. Venaient encore Godey, Matthes, etc.



Dans la 2ème manche,
Arbekov ne laissa aucune chance à ses camarades de team, encore que, l’espace d’un instant, Draugs eût pris la tête pour retourner bien vite à la 2ème place, qu’il conservera les 10 tours durant. Et Yakolev, parti 3ème, ne trouva aucun adversaire capable de l’inquiéter. Mais, pour Dezhinov, il en était tout autrement : bien démarré, il tombait, perdait du temps et se retrouvait 14ème au bout de 2 tours.

Cette circonstance était mise à profit par Otto Walz et Clerici, l’un suivant l’autre derrière les 3 Soviétiques de pointe. Fritz Betzelbacher, très gêné par son genou blessé à Cavaillon et toujours pas guéri, s’accrochait néanmoins derrière le champion de France sur lequel il buttait après un bon retour. Enfin Godey prenait encore une place d ‘honneur devant Specht et Dezhinov qui n’avait pu reprendre que 5 places.

Cette circonstance, si elle allait empêcher le team soviétique de s’assurer à la file les 4ères place du classement général, ne devait pas empêcher Arbekov et ses camarades d’essayer de refaire en finale leur démonstration d’ensemble de la 1ère manche. Cependant, Draugs condamna l’issue de cette entreprise en récoltant 2 bûches qui, d’abord, le situèrent 10ème au 1er tour, ensuite l’empêchèrent de revenir plus en avant que 5ème.

Cette fois, les positions de départ furent conservées jusqu’au bout, les 10 tours durant, par Arbekov, Jakolev, Dezhinov, Otto Walz. Pour Clerici, une place fut perdue au dernier tour, sur un effort de Draugs mais notre champion, à la 6ème place, put conserver le meilleur sur Godey, Specht, etc…

Les Soviétiques, dans cette course de Thouars, ont évidemment fait preuve d’une classe infiniment supérieure à celle de tous leurs adversaires. Cependant, la lutte qu’ils se livrèrent entre eux, les risques qu’ils prenaient sans cesse pour tourner le plus vite possible bien qu’ils ne fussent nullement menacés suffirent à rendre l’épreuve fort intéressante à regarder.

D’un autre côté, Otto Walz et Clerici, sans pouvoir se mêler à cette démonstration. Firent l’un et l’autre une course brillante, en sauvant l’honneur du cross occidental. Notre Paul Godey fit également une course honorable, immédiatement derrière le champion de France et en avant d’un lot d’étrangers pourtant relevé mais tout de même surclassé.

Voici les classements :

Catégorie 250 cc
1 Arbekov.V Urs-CZ 3 pts
2 Yakolev.A Urs-Kovrovets 9 pts
3 Draugs.G Urs-CZ 9 pts
4 Walz.O D-Wabeha 14 pts
5 Dezhinov.A Urs-CZ 15 pts
6 Clerici.V F-HVA 16 pts
7 Godey.P F-CZ 22 pts
8 Specht.C D-Maïco 23 pts
9 Portal.G F-Montesa 31 pts
10 Houdoux.F F-Maïco 40 pts
11 Selling.F NL-Greeves 40 pts
12 Brixner.D CH-Montesa 40 pts
13 Betzelbacher.F D-Wabeha 2 manches
14 Matthes. D-Maïco 2 manches
15 Von Arx.A CH-HVA 2 manches
16 Lee.A GB-Greeves 2 manches
17 Sauton.JC F-Montesa 2 manches
18 Van der Hoeck. NL-Greeves 2 manches